Histoires d'eau

 

Chacun cherche 5 titres de roman, film ou chanson

évoquant l’eau de près ou de loin

 

Sont tirés au sort :

Et au milieu coule une rivière / La seine

20000 lieues sous les mers / Sous le pont Mirabeau

Un barrage contre le Pacifique

 

écrire un texte dont le titre sera « Histoire d’eau »

y intégrer les 5 titres sélectionnés

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Image de vecstock sur Freepik

 

 

                  Et au milieu coule une rivière. Non, ce n’est pas la Seine.

Dommage, on aurait pu faire un petit coucou à Apollinaire en passant sous le Pont Mirabeau. N’empêche…

       Au milieu des champs coulait une rivière, et en été, toute la bande à Nino allait à la pêche aux écrevisses avec Monsieur le Curé.

        Un jour nous avons même construit un barrage, avec un moulin au milieu. Certes, ce n’était pas le barrage contre le Pacifique, la rivière était si peu profonde ! Mais notre moulin de papier tournait de plus en plus vite sans pour autant réveiller de meunier…

        Mais ne parlons plus d’enfance ni de passé, ni de toutes ces choses qui ont tant compté…

         …et sont englouties à jamais à plus de 20000 lieues sous les mers.

                

        El Pé

 

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Image de Freepik

 

 

A force d’entendre les raisonnements des écologistes sur la mauvaise gestion des ressources de la planète, notamment celle qui concerne la pénurie d’eau, j’ai décidé d’appliquer la méthode du « colibri » qui consiste à essayer d’apporter ma contribution en y « faisant ma part ». Pour cela, je crois qu’il faut d’abord apprécier les bonnes expériences, accepter simplement de changer ses habitudes et de se fixer des limites en fonction du contexte. Cela peut devenir simple, efficace, et bon marché.

J’ai encore en mémoire l’expérience des conséquences résultant de la construction d’un barrage contre le pacifique. Comment croire qu’en 1950, c’était possible de soumettre l’eau et la nature à la volonté humaine. Alors, la « folie familiale » par l’acharnement à persister dans une voie sans issue, génère des drames en cascade.

Et si au milieu coule une rivière  pourquoi ne pas s’y installer pour y pêcher à la mouche. Certes l’écologiste de base pourrait rappeler que c’est une entorse à la biodiversité car les poissons et les mouches ont le droit de vivre sur la planète commune. Et moi, de lui répondre que pour vivre ensemble, il a été fixé des règles qui pour être efficaces nécessitent de nombreuses exceptions.

Il n’est pas nécessaire d’être un fin diplomate pour se rendre compte que la discussion va très vite s’enliser dans les sables mouvants. Quoique, en l’absence d’eau !

Mais alors, pourquoi ne pas essayer d’utiliser ma méthode !

Après un repas frugal, j’aime respecter les consignes de mon docteur qui me préconise une bonne sieste sous les pins, bercé par le chant des oiseaux et rafraichi par la brise marine.

Je commence par ma randonnée favorite en parcourant les bouquinistes le long des quais de la  Seine  et lorsque je suis en forme je m’attarde sur le  Pont Mirabeau  pour contempler les statues qui me rappellent des souvenirs de jeunesse tout en écoutant avec plaisir Léo Ferré.

Puis-je vous faire remarquer que je n’ai pas utilisé la clim ni consommé du Co2 pendant le transport. Simplement un peu d’eau pour colorer mon anisette.

Et lorsque le temps disponible me le permet, mon voyage préféré reste  20 000 lieues sous les mers. J’adore me laisser conduire par le Capitaine Némo à bord du Nautilus, de gouter l’ivresse des profondeurs, de résister à la peur du monstre, de me prendre pour un poisson en leur sereine et voluptueuse compagnie.

Mais, j’ai du mal, à faire admettre à ma femme que pour rester un écologiste efficace, il n’est pas recommandé d’interrompre ma sieste, de surcroît s’il s’agit pour moi de consommer de l’eau pour laver la vaisselle.

Christian

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Public domain, via Wikimedia Commons

 

 

Pablito et le calamar géant

 

Pablito était plongé dans son livre : 20 000 lieues sous les mers. Il était fasciné et aurait aimé pouvoir lire toute la journée. Malheureusement il y avait le collège de 9 heures à 16 heures, puis le rendez-vous à 17 heures près du pont Mirabeau avec son dentiste. Il ne pourrait reprendre sa lecture que ce soir dans son lit. Quelle poisse !

La journée s’écoula sans incident, la séance chez le dentiste pas trop douloureuse. De toute façon Pablito avait le cerveau encombré par le Nautilus, le capitaine Nemo et le calamar géant. Il vivait pratiquement en mode virtuel. Il se dépêcha de rentrer chez lui en longeant la Seine. Il ne pensait qu’à son livre, il bâclerait ses devoirs pour  pouvoir continuer sa lecture. Il marchait le long du fleuve quand soudain une tentacule immense jaillit de l’eau, enlaça sa cheville et l’entraîna vers le fond. Il se débattit comme un diable tant et si bien qu’il réussit à se dégager et à remonter vers la surface.

Il n’en revenait pas !!! un calamar géant dans la Seine,  ce n’était pas possible !!! Des passants affolés accoururent pour le sortir de l’eau en lui lançant une bouée de secours. Pablito, tout en ne pensant qu’à son livre, s’était pris le pied dans une corde d’amarrage qui lui avait fait perdre l’équilibre et l’avait envoyé dans l’eau ! Point de calamar géant!!

Plus de peur que de mal ! Il rentra chez lui tout trempé toujours perdu dans son livre…

Chris

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Histoire d’eau à Tchelenqo

 

Quand on survole l’Éthiopie, on peut se dire, en suivant les  méandres du Nil bleu qui scintille « ce pays a des paysages très variés, des endroits arides mais aussi des montagnes et des forêts et au milieu coule une rivière, donc pourquoi des problèmes d’eau ? »

Les difficultés d’approvisionnement en eau, moi je les ai connues, il y a une trentaine d’années, quand je me rendais souvent dans un petit village nommé Tchelenqo, à l’est de l’Éthiopie. L’eau y était considérée comme un trésor, aussi rare que de l’or.

Il n’y avait pas d’eau courante et pour en avoir un peu, les enfants, dont c’était le travail,  mais aussi les femmes, partaient dès le lever du jour, avec des ânes bâtés de deux bidons en guise de bât, et parcouraient un bien long sentier qui allait jusqu’au bord de la vallée. Ils descendaient jusqu’à la source encore libre d’où, dans un premier bassin où s’écoulait un filet d’eau, ils en puisaient  pour remplir les bidons, avant qu’elle ne coule dans un deuxième bassin où s’abreuvaient les ânes, mais aussi les vaches éventuellement amenées. Il y avait là un champ de maïs et les enfants et moi-même nous baignions dans la rivière– qui n’avait rien de la Seine– et l’eau vive, dans l’écrin des épis. Pas de quoi jouer à 20000 lieues sous les mers, mais pour eux  c’était le Paradis. Certains se retrouvaient couverts de boue marron, moins noirs que noirs finalement, et riaient à gorge déployée de cette transformation. Dans cet endroit, pas de barrage contre le Pacifique, ni contre quoi d’autre, mais de l’eau libre et bienfaisante qui demandait toute une expédition, toute une aventure exotique d’une bonne demi-journée.

Maintenant, il y a l’eau courante à Tchelenqo, j’ai aidé à l’installer. On ne descend plus à la source avec les ânes et on ne se baigne plus dans l’écrin du champ de maïs. Le modernisme a remplacé l’exotisme. Comme dit le poème « Sous le pont Mirabeau coule la Seine », ici, on pourrait dire : à Tchelenqo coule l’eau de la source captive.

Gill

 

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Histoire d’eau

 

J’avais rencontré Frédéric sous Le Pont Mirabeau… cela ne s’invente pas !

Notre histoire d’amour s’était embrasée immédiatement. Il était assis sur les quais, un livre à la main. Je l’avais épié en toute discrétion, pour m’apercevoir qu’il s’agissait d’un roman de Marguerite Duras, « Un barrage contre le Pacifique ». Un de mes ouvrages préférés ! J’y avais vu un signe, malgré tous les clichés, moi la grande romantique : le Pont Mirabeau et Apollinaire, le Pacifique et Duras. Je l’avais abordé, surmontant ma timidité maladive, chose que je n’avais jamais faite. Mais ce jour-là, une force magnétique m’avait poussée jusqu’à lui. Nous avions discuté et nous étions découverts de nombreux points communs : littéraires, sportifs et cinématographiques. Je me sentais transportée dans un de ces romans à l’eau de rose que lisait ma mère et dont je me moquais. Il me proposa d’aller dans un petit cinéma de quartier, qui organisait une rétrospective sur Robert Redford. Nous avions vu « Et au milieu coule une rivière », et nous étions embrassés avant même la fin du film.

Depuis quelques mois, nous vivions une histoire d’amour torride. Mes proches ne cachaient pas leur surprise : moi d’ordinaire si timorée, réservée, je m’étais jetée à corps perdu dans cette relation. Frédéric paraissait mystérieux, certes, mais je me retrouvais dans la peau d’une héroïne littéraire, d’une Anna Karénine. Mes amies ne l’appréciaient guère et m’avaient mise en garde. « Tu devrais te méfier, c’est trop beau pour être vrai, cette histoire ! » Je me moquais d’elle, leur rétorquais que c’était une histoire d’eau, en référence à notre rencontre sous le Pont Mirabeau.

Je ne croyais pas si bien dire : aujourd’hui, je me retrouve dans La Seine, les pieds et les poings liés, le corps lesté d’un bloc de béton. Je n’essaie pas de me débattre, ma fin semble inéluctable. Je rejoue un remake de 20 000 lieues sous les mers – même si ce serait plus juste de dire 20 000 lieues sous la Seine. Oui, j’aurais dû me méfier d’une histoire d’eau…

Fabienne

 

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