De la pub vient l'inspiration

 

Parmi trois affiches publicitaires, mettant en lumière

le savon de Marseille, la ville thermale de Vichy, le biscuit petit Lu

 

en choisir une, et

écrire un texte sur ce qu’elle vous inspire  (description, récit, réflexion…..)

 

 

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Image by Freepik

 

 

Vichy ! Repaire d’élégantes, déambulations sous les ombrelles entre deux prises d’eaux.

Toilettes de journée. Toilettes du soir, théâtre, Casino, plus raffinées encore pour séduire, qui sait,

quelque monsieur en queue de pie venu soigner son embonpoint…

 

Jeannette y venait, chaque été, et cet été là, elle avait emmené avec elle son petit garçon, qui, à trois ans, pouvait s’occuper seul pendant que maman tirait l’aiguille. C’est qu’elles avaient besoin de couturières, ces belles et nonchalantes parisiennes, si lasses de ne rien faire qu’il leur fallait reprendre quelques forces dans une ville de cure.

 

Cet été là, donc, Jeannette s’était tout juste installée dans le petit deux pièces qu’elle louait chez une habitante, avec son petit Manu, un peu dépaysé, fatigué du voyage, et loin de son papa, resté sur la Côte pour son travail.

Soudain, du bas de l’escalier, la voix puissante et gutturale de la logeuse retentit.

«  Madame Garlin ! Madame Garlin ! »

Effrayée, Jeannette passa en revue toutes les bêtises qu’elle avait pu commettre, déjà, en si peu de temps, à peine arrivée ? Ou son petit garçon ? Mais non, il ne l’avait pas quittée d’une semelle…

La voix réitérait son appel, une injonction à se presser.

Timidement, Jeannette apparut en haut de l’escalier.

Qu’allait-on donc lui reprocher ?

Campée au bas des marches la logeuse, que sa corpulence dissuadait de gravir les degrés, s’écria, sur un ton triomphant :

« Madame Garlin, descendez tout à l’heure. J’ai fait des gâteaux pour le petit ! »

 

Marie-Christine

 

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wikimédia        Par Claude Monet    Domaine public,

 — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., 

 

 

IMPRESSIONS

 

            Impression à la fois voilée et lumineuse de personnages comme floutés, vêtus aux douces teintes pastel d'un MONET ou d'un RENOIR et qui évoluent dans un paysage minimaliste dominé par un arbre en pointillisme et une grande résidence. Ombrelles dentelées et chapeaux élégants filtrent les rayonnements d'un soleil invisible. De longues robes vaporeuses et fuyantes habillent de richesse leurs mannequins souriants se promenant devant une belle demeure cossue, symbole de la somptuosité du patrimoine. Tout n'est que "luxe, calme et volupté"... Le temps s'est arrêté, figé par une légèreté et une douceur de vie qui feraient moult envieux !

 

            Nous voici en effet transportés en début de siècle dernier. Mais oserions-nous vraiment comparer ces instants idylliques dans un haut lieu de la villégiature française de luxe avec notre monde actuel ? Sans omettre des vies très certainement non dépourvues de complexité pour certains à cette époque-là, que dire de l'hostilité des images, des êtres et de leurs actes, agressivité qui inonde notre quotidien sur tous les supports médiatiques du moment ? Il semblerait que nous n'appartenions en rien au même monde !

 

            Comment donc cette douceur, cette sérénité ont-elles pu engendrer autant de ressentiments et de violences ? Pourquoi ce calme d'antan, ce partage d'instants paisibles et magiques ont-ils pu conduire à un tel déferlement de brutalité et de cruauté ?

            Serait-ce l'impression d'expressions exacerbées ?...

 

 

       Syrinx 

 

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Comme Rodolphe descendait l’escalier, il fut soudain cloué sur place.  Trop tard pour retourner d’où il venait. Qui donc était la superbe femme à l’ombrelle… L’avait-elle remarqué ?

 

Les deux femmes parlaient chiffons.

-- Tu ne trouve pas que Joséphine a grossi ?

-- Tu es méchante, Eugénie. Elle n’a pas grossi du tout.  C’est sa robe rouge qui donne cette impression.

-- Oui, quelle horreur ! Comment son mari peut-il supporter un tel mauvais goût ?  C’est vrai que lui-même, heu… Un petit sous-chef de bureau… Et toi, Juliette, toujours célibataire ?

-- Mais oui. Et je suis très bien comme ça.

-- Si tu le dis ! rétorqua l’autre qui n’en crut pas un mot. Ecoute, ne te retourne pas tout de suite, il y a un homme en costume beige dans l’escalier.  Je crois que je lui ai tapé dans l’oeil. J’ai bien vu comme il me regardait.

-- Cela ne m’étonnerait pas du tout, Eugénie.  Tu es ravissante dans ta robe vieux rose, ta ravissante ombrelle et ton joli chapeau…

-- Mais oui, j’en suis assez contente.  Gontran m’en a fait compliment ce tantôt... Et l’homme dans l’escalier, il me regarde toujours ?

-- Oui, oui, dit Juliette, il te regarde toujours.

La tête toujours penchée, elle n’avait jeté qu’un bref coup d’oeil .  Ce qu’elle craignait, c’est que cette langue de vipère d’Eugénie se doute...

-- Oh Rodolphe, pensa-t-elle, surtout, surtout,  fais mine de ne pas me reconnaître !

Suzanna

 

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wikimédia  Par Pinpin — Photographie personnelle, CC BY-SA 3.0,

 

 

Tous les matins, Lulu la maman de Lucien, garnissait son cartable avec ses biscuits favoris. Dès le son de cloche qui annonçait la récréation, Lucien avait pris l’habitude de s’isoler dans un coin de la cour afin de savourer les petits LU à son aise. Ce qui ne manquait pas d’attirer l’attention de ses camarades de classe qui auraient  bien voulu participer au goûter. Mais Lucien complexé par sa petite taille, se croyant  rejeté, dévorait les petits LU, les uns après les autres, jusqu’au dernier.

C’est alors qu’une bande de gloutons, agglutinés dans une chorale improvisée, aboyèrent  à tue-tête  «  PETIT LULU donne nous tes PETITS LU… »

Lucien avait compris qu’il devait changer de méthode pour mettre fin à ce début de calvaire.

Aussi, dès le lendemain sur le chemin qui le conduisait  à l’école, il s’empiffra de ses petits LU. Au son de la cloche annonçant la récréation, il se mit à rejoindre lentement le fond de  la cour, le bras levé, brandissant le paquet de biscuits, en guise d’étendard de ralliement, suivi par la bande de garnements de la chorale. Et là, comme un chef de guerre, il monta sur le banc, fier comme Artaban, pour leur jeter  avec panache le paquet vide des petits LU  en beuglant «  Vous êtes Foutu, les petits LU ont disparus ».

Mais devant l’hostilité grandissante de la meute, Lucien pris  soudainement conscience de la précarité de son acte héroïque.  Le gong de la cloche intimant aux enfants de regagner la classe  lui permit de sauver l’honneur, en traversant la  cour à toute vitesse.

Christian

 

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                                                                                  LAVANDIÈRES

    « Et tape avec ton battoir… » Évidemment, l’image proposée n’évoque guère les années 50 mais…la lavandière si joliment brunette y figurant  pourrait être portugaise, à coup sûr.

  Quoiqu’il en soit, en cette mi-XXème siècle, Luis Mariano chantait cette chanson, vite devenue rengaine sur les ondes, mais la fillette que j’étais alors ne s’en plaignait pas. Comme je les aimais, ces lavandières ! Et come je les enviais…d’autant que je n’en n’avais jamais vu une seule de ma vie.

Certes, certes, il fut un temps où les femmes de ma ville natale faisaient (ou faisaient faire) leurs lessives au lavoir municipal.

Ce fut le cas d’Amélie, mon arrière grand-mère maternelle, issue d’une vieille famille se revendiquant  de noblesse bretonne. En effet, cette jeune demoiselle avait tout quitté (leçons de piano et espérances de riche mariage) pour suivre Alfonso (un émigré espagnol, je vous demande un peu !) Sculpteur renommé, mais malheureusement joueur invétéré, il était de surcroit père de cinq enfants. Aussi, par amour, chaque jour,  la pauvre Amélie allait-elle laver le linge…du beau monde.

     Mise à part cette héroïque figure familiale, rien ne me prédisposait à tomber amoureuse de la fameuse chanson. Sauf que les dites lavandières, le jour, se moquaient des hommes (avec quelle facilité je m’imaginais les quolibets accablant les imprudents rôdant dans les parages), mais la nuit ! La nuit, elles rêvaient d’idéal, les chéries, tout comme moi, avec Prince Vaillant. C’est dire si je pouvais les comprendre !

Toute fois la véritable raison se cachait dans les quatre derniers vers que j’ai d’ailleurs toujours en mémoire : « Quand  vient le soir les lavandières/ S’en vont avec leur linge blanc/On voit leurs silhouettes fières /Se découper dans le couchant. » Merci à elles, qui m’ont appris la poésie.

          El Pé

 

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Image par CARLOS GOMEZ de Pixabay

 

 

Histoire de savon

 

Dans mon petit village du Sud, ce n’était pas le travail qui manquait à la maison, entre le ménage, les repas, la lessive, et bien d’autres tâches diverses. Étant l’ainée d’une famille de huit enfants, je devais aider ma mère qui était bien souvent débordée. Et c’est à moi, munie de mon morceau de savon de Marseille et de mon battoir, qu’incombait la mission d’aller au lavoir faire la lessive.

Un matin, nous étions toutes en pleine action, frottant, tapant afin de rendre à notre linge sa blancheur originelle, quand un homme vint vers nous, équipé d’un matériel complet de photographie. Il nous expliqua être à la recherche de visages de lavandières pour illustrer une affiche de publicité pour la fabrique familiale de savon de Marseille qui était implantée dans le village voisin. Son choix se porta sur moi. Il m’installa devant un baquet, me demanda de bien montrer mon cube de savon, de sourire et d’avoir l’air particulièrement heureuse de mon sort.

« Heureuse ! lui dis-je, croyez-vous que ce soit une sinécure de descendre au lavoir plusieurs fois par semaine, de geler l’hiver, sans plus sentir ses doigts, ou au contraire d’être trempée de sueur l’été, sous un soleil de plomb. Je préférerais passer mon temps à me promener avec d’autres jeunes filles ».

Néanmoins, je m’exécutai en prenant un air particulièrement comblé sous mon grand chapeau de paille et la photo fut prise sous les regards un peu envieux, je dois dire, de mes compagnes.

C’est ainsi que je devins l’égérie du savon Le Rationnel, que pour lui prêter mon visage je fus rémunérée à la hauteur de sa notoriété, et que plus jamais, jamais, je ne lavai une seule pièce de linge au lavoir, m’étant offert une magnifique machine à laver. Peu de temps après, ma célébrité me conduisit à rencontrer le fils de la savonnerie, je l’épousai puis je régnai sur l’entreprise quand il en devint le directeur.

Alors finalement, vive la lessive ! elle a fait mon bonheur.

Gill

 

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