La phrase qui inspire une suite...

 

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Ce fut ma nièce qui alla ouvrir quand on frappa.

Que savait-elle, du haut de ses huit ans? Que lui avait dit mon frère en me la confiant pour un temps indéterminé ? Il était trop tard pour essayer de le découvrir. Deux hommes se tenaient sur le pas de la porte. La vive lumière derrière eux m’empêchait de discerner les traits de leur visage. Mais je savais pourquoi ils étaient là. Si l’enfant n’avait pas ouvert, qu’aurais-je pu faire ? Me glisser jusqu’au fenestron de la cuisine, reconnaître nos visiteurs, et ? Ne pas ouvrir ? Quitter la maison par l’arrière ? Ils seraient entrés de toute façon et la maison était surveillée, je n’en doutais pas.

Dès que je me suis présenté à eux, ils ne m’ont plus quitté du regard. Ils m’ont suivi dans le salon, puis dans la cuisine, où j’ai préparé du café qui, nous le savions tous trois, n’était que l’habillage civilisé de rapports qui très rapidement pouvaient ne plus l’être.

Ils ont annoncé leur intention de fouiller la maison. Proprement, ont-ils précisé. Avec méthode. Et d’y placer quelques caméras espions qui ne perturberaient en rien ma vie.

Lorsque ma nièce s’est glissée dans le bureau en me demandant si elle pouvait aller jouer chez sa copine Delphine, j’ai dit oui avec un rien d’indifférence. Elle a filé sur son vélo.

Ils ont examiné tous les tiroirs, copié le contenu de mon ordinateur, installé leurs mouchards dans chaque pièce. Pas pressés, ils reviendraient peut-être, ont-ils dit en repartant.

J’étais dans le jardin lorsque ma nièce est revenue, à pieds.

« Et ton vélo ? » ai-je demandé.

« Il est dans la grange de Delphine, a-t-elle répondu. Les microfilms sont dans le guidon. »

 

Marie-Christine

 

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             « Le vent tiède et endormi, poussait une brassée de feuilles mortes contre la fenêtre. »

         Dehors, c’était l’automne. Les arbres avaient pris depuis plusieurs jours leurs plus somptueuses teintes de l’année. Durant la nuit, la tempête avait hurlé, s’était déchaînée. Se vengeant dont ne sait quel horrible méfait commis par les hommes, elle arrachait rageusement les feuilles les plus colorées de ces pauvres arbres. Maintenant, le vent s’était calmé, presqu’endormi. Normal. C’était l’heure de la sieste. Et il avait décidé d’offrir à François un spectacle de choix…et de saison.

     Venues des platanes, des prunus, des arbres fruitiers voisins, les feuilles, se collant par brassées multicolores contre la fenêtre, restaient là un instant, puis disparaissaient laissant aussitôt  place à d’autres.

       Très vite, François parvint à distinguer des formes, des images, presque des tableaux dont le vent, à l’évidence, s’échinait à l’égayer. Tiens là, ne dirait-on pas un gros chat ?  Ou plutôt un léopard allongé sur une branche…tout de suite remplacé par une montagne brune ressemblant étrangement au mont Sainte Victoire, au pied duquel François était né…encore, encore !… Ah un vitrail !  Un magnifique vitrail rouge et or où se dessinaient la Vierge et l’Enfant…encore, encore s’il te plait… Mais le vent s’endormit cette fois pour de bon et François ne tarda pas à limiter.

        De quoi rêva-t-il ?  En tout cas pas de la guerre. Pas des tranchées ni des baïonnettes, et encore moins de l’obus qui l’avait, depuis des mois, cloué là dans son lit. Pour combien de temps ? A chaque visite, le chirurgien faisait semblant de ne pas entendre la question. Sans doute pour ne pas  répondre qu’ « Allons mon vieux, vous finirez bien par vous lever un jour ! Enfin, peut-être. »

   El Pé

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 Chez tante Alicia

 

« N’oublie pas que tu vas chez tante Alicia »

Oh, je ne risque pas d’oublier, j’adore aller chez tante Alicia ! À chaque fois j’ai l’impression de pénétrer dans la caverne d’Ali Baba, et à chaque fois je sais que je vais découvrir de nouveaux trésors cachés et repartir avec un petit souvenir.

La vaste entrée de son bel immeuble haussmannien donne une impression de profondeur, renforcée par les miroirs qui recouvrent les murs et dans lesquels je m’admire avec complaisance.  Le grand escalier aux marches de chêne massif, recouvertes en leur milieu d’un tapis feutrant le bruit des pas, m’invite dans un univers d’élégance et de prospérité. Au fond de l’entrée, l’escalier de service, étroit et sans fioritures se fait discret, et je  peux imaginer le personnel de maison le gravissant jusqu’au sixième étage, après une dure journée de labeur pour accéder aux chambres de bonne.

Arrivée au cinquième étage, deux portes en vis à vis, en chêne clair, dont celle de l’appartement de tante Alicia. Un léger appui sur la sonnette dorée, et elle est là, vêtue d’une robe de mousseline, discrètement maquillée de tons pastel qui mettent ses yeux en valeur, impeccablement coiffée, à la pointe de la mode, l’ensemble rehaussant son élégance naturelle. Je la trouve magnifique !

À chaque entrée dans le vestibule, les odeurs me surprennent et me ravissent à la fois, un agréable mélange d’encaustique, de rose et de verveine. À l’intérieur, un mobilier en merisier, aux couleurs chaudes, des napperons en dentelle fine, et des photos, partout, dans des cadres dorés. Toute l’histoire de la famille est là : les oncles, les tantes, les cousins et cousines, les parents, les grands-parents sourient, l’air parfaitement heureux. Une multitude de bibelots en porcelaine meublent les tables basses et les guéridons, voisinant avec des livres précieux aux couvertures de cuir.

Et puis sur les coussins de satin des fauteuils, les trois chats angora, Havane, Perle et Azur, ronronnant sous mes caresses et venant se frotter délicatement sur mes jambes.

Enfin, tout au bout du couloir, la pièce aux trésors, aux moulures vert clair, au papier peint rayé assorti, au petit canapé et à la commode bleu ciel, avec ses lampes en porcelaine, ses fleurs et son goûter préparé sur le petit guéridon. Ici, un grand coffre débordant de vêtements, de chaussures, de sacs et accessoires divers, racontent la jeunesse de tante Alicia.

Et l’après-midi se passe en déguisement, poses et mines devant la psyché, rires, histoires anciennes. Mes oreilles ne sont pas assez grandes pour recueillir tout ce que j’apprends de la vie de tante Alicia et de maman, sa sœur, lorsqu’elles vivaient ensemble. Tout un monde s’ouvre à moi.

Les heures passent si vite qu’à chaque départ, j’ai l’impression de venir d’arriver. C’est avec la tête pleine des discours de ma tante, emportant avec moi les effluves de son chanel N° 5 que je regagne ma chambre, rêvant déjà à ma prochaine visite.

Aujourd’hui, elle m’a offert un petit vaporisateur de sac qu’elle avait reçu en cadeau du fils du Duc de… ? de… ? Ah j’ai oublié le nom !

Gill

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   « - Tu vas à la pêche, Vinca ? 

-  Oui Phil, veux-tu venir avec moi ? Les crevettes seront au rendez-vous.

- Non Vinca. J’ai très mal dormi, j’avais très chaud. Je vais essayer de récupérer. »

        Vinca n’était pas dupe. Elle marchait rapidement, agacée, mais surtout peinée.

Le soleil était très chaud.

 Elle avait dans son panier deux petits sandwiches et de quoi se rafraichir. Mais le cœur n’y était pas.

Les crevettes pouvaient attendre.

Elle s’allongea sur le sable au bord de la mer et se refilma la scène qu’elle avait vue. : Phil qui embrassait cette belle étrangère.

Comment pouvait-il ? N’était-il point son ami, son copain ? Elle avait très mal.

Soudain elle se leva et se mit à fouetter les vagues avec son épuisette.

Les crevettes attendraient, elle allait rentrer.

Sa journée était gâchée.

            Gisèle

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Nouveau départ ?

 

Jeanne ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas. En se retournant vers le lit, elle heurta une petite table et retint de justesse un vase qui oscillait dangereusement. Elle s’immobilisa, retins son souffle, jeta un regard affolé vers la porte de la pièce voisine.  Puis elle se souvint et se mit à trembler.

Pourquoi avait-elle préparé ces deux grosses valises ? Sans doute surtout pour occuper son esprit. C’était idiot.  Elle avait tout cet argent liquide qu’elle avait pris dans le coffre. Si elle avait besoin de quelque chose, elle se l’achèterait, voilà tout. Dans son sac de voyage, elle avait mis l’essentiel : du linge de rechange, ses affaires de toilette, ses produits de beauté, un pull… Elle alla se faire couler un verre d’eau et prit un cachet.  Puis elle s’immobilisa, paniquée : n’en avait-elle pas déjà pris un tout à l’heure ?  Elle sentit son estomac se contracter sous l’effet de l’angoisse.

Allons ! Il fallait se reprendre ! Ne pas trop traîner quand même… Elle se précipita, enfila un élégant  trench-coat, ouvrit la porte avec précaution et descendit les escaliers en faisant le moins de bruit possible.  Puis elle se traita d’imbécile, raffermit son pas et sortit de la maison.

Un taxi passait, elle le héla et se fit conduire à la gare. L’énorme horloge sur la façade du bâtiment marquait six heures. Elle avait le temps de prendre un billet pour Paris.  Là elle aviserait,  choisirait une destination. Elle avait deux ou trois jours devant elle, si tout se passait bien… Avait-elle ou n’avait-elle pas déjà pris un cachet ?

 

Le cadavre ne mit pas trois jours à sentir mais on ne le découvrit qu’une semaine plus tard.

-- Quand je suis arrivée, dit la femme d’ouvrage qui avait la clef, j’ai trouvé étrange de ne pas voir Madame. Et je suis montée à l’étage… Le pauvre monsieur, il gisait dans son fauteuil, derrière son bureau… Il y avait du sang partout…  Et puis Monsieur l’Inspecteur, cette odeur !  Cette odeur !!!

 

Suzanna

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