Vent et neige entourent les oxymores

 

parmi plusieurs oxymores, cinq sont tirés au sort

 

noirceur éclatante     silence assourdissant

soleil noir     haine amoureuse     jour sans fin

 

insérez-les dans un texte qui commencera par « vive le vent d’hiver »

 

et finira par « la neige recouvrit tout de son blanc manteau »

 

*le verbe recouvrir peut être conjugué à n’importe quel temps

 

-------------------------

Image by Freepik

 

 

VIVE LE VENT D'HIVER !

 

            Ce vent chargé d'un froid revigorant qui fouette les joues et rougit les oreilles, les balayant même d'un SILENCE ASSOURDISSANT ! Ce vent qui fait aimer les longues journées, ces JOURS SANS FIN qui savent allumer dans la cheminée un feu si bienvenu, si prisé tant il apporte une douce chaleur au corps engourdi et un puissant réconfort à l'âme en quête de bien-être et d'espérance. L'âtre devient alors le témoin d'une ÉCLATANTE NOIRCEUR, la danse de ses flammes brillantes et multicolores se détachant sur la rigidité et la sombreur de la suie qui en tapisse les parois. Et tout devient alors soyeuse quiétude et sérénité harmonieuse. 

 

            L'on en oublierait presque que la vie n'est jamais un long fleuve tranquille mais une voie parsemée de contrariétés et d'écueils divers. Vivre, c'est pouvoir se frayer un chemin à travers les émois en préservant toujours sa quête du bonheur sans laquelle le temps s'arrêterait, impuissant à faire naître un passé renouvelé. Tel cet amour auquel on croyait tant, que l'on pouvait imaginer éternel et qui, de jour en jour, se transforme en une pure HAINE AMOUREUSE. Ce parent ou cet ami, parti trop tôt, et dont l'absence inacceptée empêche d'apprécier la moindre étincelle de joie. Et voilà le chemin de notre destinée entravé, immobilisé telle une éclipse de soleil, un SOLEIL NOIR dont le cœur portera toujours la cicatrice. Noir comme l'âtre de la cheminée, noir comme certaines pensées parfois mais également noir comme le jais envoûtant ou comme la précieuse obsidienne. Noir de l'écriture aussi, noir de l'élégance ou du prestige, noir de la sagesse ou de l'intemporalité... 

 

            Mais ce soir-là, par-delà les flammes, par-delà le seuil, le noir profond de la nuit s'évanouissait. Une intense luminosité s'envolait dans la froidure de l'hiver. La vie renaissait de l'obscurité maintenant inondée de lumière, un scintillement épars brillait de mille feux ... La pure colombe aux reflets de diamants venait de déployer son immaculé drapeau de paix sur la nature déjà assoupie :  LA NEIGE AVAIT TOUT RECOUVERT DE SON BLANC MANTEAU ...

 

                                 Syrinx 

___________________________________

 

 

Image by brgfx on Freepik

 

 

Vive le vent d'hiver et bonne année Grand-mère. Tremblant comme une feuille au bord des autos-scooters montées près de la statue de Paul Riquet qui contemplait les baraques installées sur la citadelle. Je comptais mes maigres francs rescapés d'une séance au Royal, le grand cinéma des Allées, où j'avais invité mon amie Nicole, une blondinette aux yeux bleus dont j'étais amoureux fou depuis que je l'avais vue, arpentant le petit côté des Allées avec ses copines de Fénelon. Grâce à des manœuvres savantes, j'avais réussi à lui glisser un billet pour lui donner rendez-vous en bas du Plateau des Poètes, dont les bancs s’honorent  d'accueillir le vert paradis des amours collégiens. L'étape suivante fut une séance  au Royal où était  projeté le film d'une noirceur éclatante. Un cinglé, poursuivait d'une haine amoureuse la mère de sa concierge, qu’elle-même, répondait par un silence assourdissant à son beau-frère qui était marchand de marrons dans un cimetière. Le drame ne nous  intéressa guère, nous échangions des gentillesses et des baisers maladroits. Je pensais avoir marqué des points et me réjouissais de terminer la conquête de la jolie Monique en lui offrant des tours de scooters où je montrerais ma virtualité à conduire ces bruyantes bagnoles. Je regardais  ma montre,  17h30. Elle devait venir  à 5 heures, un  peu plus tard peut être m’avait-elle dit. Il faisait de plus en plus froid ce 6 janvier et ma gabardine ne me chauffait guère. La  nuit tombait, les clients devenaient plus rares. 6 h. 6h15. Je  n'allais pas m’éterniser,  le jour finissait, mais j'aurais préféré un jour sans fin. La voilà, mais elle n'est pas toute seule. C’est mon  copain Pierrot qui est avec elle, le traître, il monte avec elle sur les chevaux de bois. Désolation, la neige recouvrait tout de son blanc manteau.

Bof ! Une de perdue, dix de retrouvées.

Jean

 

_____________________________________

 

 

 

Vive le vent d’hiver !

 

«  Vive le vent d’hiver ! » répétait entre ses dents serrées la jeune femme qui peinait le long du sentier s’élevant entre les sapins.

Qu’il était lourd, le fardeau qu’elle emportait vers les cimes ! Six cents grammes, dans son petit sac à dos, qui tirait sur ses épaules autant que s’il s’y trouvait tout entier. Lui, qui s’était joué d’elle, de son élan sincère, lui qui se jouait de tout. Lui, son soleil noir.

Il avait joué, mais il avait perdu.

Il avait construit entre eux un pont qu’il imaginait indéfectible. Un pont tressé de ces jeux transformés peu à peu en haine amoureuse.

Haletante, enfin sur le plateau rocheux, elle contemplait les nuages noirs qui annonçaient la neige. Dans ses yeux dansait la même noirceur éclatante, à ses oreilles retentissait le silence assourdissant de la montagne, prête déjà à recevoir son immaculé vêtement d’hiver.

Fébrile soudain, elle se mit en quête d’une de ces profondes cavités que des ruissellements millénaires avaient creusées. Elle sortit de son sac à dos le petit jouet, puisqu’il aimait jouer elle avait joué elle aussi. Le petit jouet qui avait craché dans le cœur de son amant son dernier projectile, pour un dernier battement.

Voilà. C’était terminé.

Lui, que les petits crabes allaient dévorer.

Le pistolet, au fond de sa cavité.

Et elle, qui se pensait enfin libre, et réalisait dans un vertige qu’un jour sans fin avait commencé…

Les premiers flocons se mirent à danser. Bientôt la neige recouvrirait tout de son blanc manteau.

 

 

Marie-Christine

______________________________________

 

 

 

Image de storyset sur Freepik

 

 

« Vive le vent,  vive le vent, vive le vent d’hiver!!! » tonitruait un jeune homme complètement ivre dans le silence assourdissant de la rue déserte. C’était l’heure où la nuit s’achève mais n’a pas encore fait place au jour.

Monique l’avait mis à la porte.  « C’est toujours pareil avec toi ! criait-elle.  Rond comme un cochon tous les jours que Dieu fait !  Noël ou pas Noël, j’en ai assez ! Va te faire voir chez les Turcs ! ».   Entre eux, plus de connivence, plus d’humour et même plus de tendresses, seul Eros les liait encore, les liait toujours, inexorablement.  C’était devenu une haine amoureuse, comme chez la plupart des couples où la boisson s’invite. Et où les jours se ressemblent tous : un jour sans fin, avec son problème insoluble et terrible.

Allait-il conduire dans cet état ?  Il dormirait plutôt un bon moment dans sa voiture. Elle stationnait là, au bout de la rue, d’une noirceur éclatante sous le soleil noir du réverbère.

Des flocons blancs commencèrent à tournoyer dans l’air glacé.  Cela le fit penser à la fin d’un de ses romans refusés par les éditeurs.  Son personnage avait fui, laissant un cadavre derrière lui. Et ça se terminait par : « Et bientôt, la neige recouvrit tout de son blanc manteau »

 

Suzanne

 

_______________________________

 

Image de Freepik

 

 

Mise à exécution !

 

Vive le vent d’hiver ! Pour une fois, elle le trouvait là fort à propos, ce vent cinglant et glacial. Depuis le lever du jour, aucun des rares passants ne pensait à regarder autour de lui en marchant et personne ne se souviendrait de l’avoir vu rentrer chez elle ce matin, son absence devant durer jusqu’à demain.

Depuis plusieurs mois, elle nourrissait de noirs desseins à l’encontre de l’homme qui vivait avec elle. Dans le silence assourdissant de ses nuits, elle avait échafaudé son plan et l’attente lui semblait longue comme un jour sans fin avant de le mettre à exécution.

Elle l’avait aimé, Dieu sait si elle l’avait aimé ! C’était un astre brillant à l’aube de leur relation, il était devenu un soleil noir, un démon qui la harcelait, la privait de toute sa liberté, lui infligeait des tortures psychologiques sans noms. Il montrait maintenant la noirceur éclatante de son âme. Pourtant, il continuait à la fasciner et elle ressentait pour lui des sentiments qu’elle détestait, une sorte de haine amoureuse. Pour que cesse cet amour maudit et insupportable, il fallait qu’il disparaisse.

Elle avait tout réglé pour que le produit qu’elle avait dérobé dans la pharmacie de l’hôpital, qu’il allait absorber dans son whisky, provoque une mort semblable à une crise cardiaque tout à fait ordinaire.

C’était le moment : il venait de se doucher, il allait descendre au salon prendre l’apéritif qu’elle avait l’habitude de lui préparer, elle allait lui tendre son verre, l’air enjoué, il allait boire…

Alors elle attendrait qu’il perde connaissance, elle se couvrirait bien pour affronter le vent, puis elle se dirigerait vers la porte d’entrée, repartirait chez sa mère d’où elle reviendrait demain matin comme prévu pour y découvrir son cadavre.

Personne n’était censé être venu aujourd’hui et tous ses pas devant la maison auraient disparu car des flocons commençaient à tomber et demain, la neige aurait recouvert tout de son blanc manteau.

Gill

 

______________________