Un taxi vous attend

 

En sortant de l’aéroport, vous êtes attendu(e) par un taxi

qui tient une pancarte avec votre nom

Vous le prenez

Pourquoi êtes-vous là ? D’où venez-vous ? Où allez-vous ?

Racontez-le dans un texte

 

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Par Romainbehar sur Wikipédia français — Travail personnel, Domaine public, 

 

 

Ce jeudi là, comme je sortais de l'aéroport de Bruxelles-national (je faisais quelquefois le trajet Béziers-Bruxelles pour aller visiter ma famille), je vis un taximan adossé à son véhicule qui semblait attendre quelqu'un. Il arborait une pancarte ou l'on pouvait lire en grandes lettres : Suzanne Lambert.

Je m'arrêtai un moment, complètement tétanisée. C'était trop, trop gentil de la part de mon frère d'avoir une telle attention envers moi.

Et dire que j'avais oublié de lui acheter les pralines qu'il aimait tant et que j'aurais facilement trouvées dans une boutique de l'aéroport ! Je me morfondais en pensées plus confuses les unes que les autres et m'avançais  malgré tout bravement vers le patient conducteur, quand je fus bousculée par une jeune femme au demeurant fort jolie et très élégante et qui criait :

 "Suzanne Lambert, c'est moi. Vite, Monsieur, on m'attend à la radio belge, je suis la maquilleuse et l'émission commence dans moins d'une heure. On a juste le temps."

J'avais oublié qu'il y a plus d'un âne qui s'appelle Martin. Mais j'avais tout le temps maintenant d'acheter des pralines pour mon  frère.

Suzanna

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ÉMILIE JOLIE

 

L’avion est à l’heure. Émilie n’a qu’une petite valise-cabine, très pratique, pas d’attente, pas d’angoisse dans la zone bagage (ma valise est-elle bien arrivée?). D’un pas alerte, après avoir passé la douane, elle se dirige vers la sortie où attendent les taxis. Elle regarde à droite, puis à gauche, rien … Quand tout à coup une Mustang rouge arrive à toute vitesse et se gare devant tous les taxis, les chauffeurs protestent dans un concert de klaxons, rien n’y fait, la Mustang rouge ne bouge pas. Le chauffeur descend tranquillement de son véhicule et brandit une grande pancarte sur laquelle est écrit : MADEMOISELLE ÉMILIE JOLIE.

Émilie s’empresse de rejoindre le chauffeur.

«  C’est moi ! »

«  Montez Mademoiselle, où voulez-vous aller ? »

«  Je ne sais pas encore, je suis partie depuis trop longtemps, roulez, nous verrons bien »

Les voilà partis dans la Mustang rouge.

Il y a peu de circulation, la route sillonne la campagne, tout est calme, Émilie se repose  en contemplant le paysage. De temps en temps le chauffeur jette un coup d’œil sur Émilie et lui demande :

«  Alors Mademoiselle, où allons-nous ? »

Elle répond invariablement :

«  Je n’ai pas encore décidé ! »

La Mustang rouge file sur la route de campagne. Le soleil décline lentement sur l’horizon, la campagne est devenue forêt, une forêt épaisse, d’un vert profond, à la vie animale intense.

«  Mademoiselle, je ne sais pas où nous sommes, mon GPS ne reconnaît pas cette route, il va falloir

faire demi-tour. «

«  Faites demi-tour, moi je reste ici, c’est mon arrêt !. »

Emilie paie le chauffeur, empoigne sa valise et descend de la Mustang rouge. Le chauffeur est très étonné, il est inquiet, mais il est tard, il veut rentrer chez lui. Il part. Émilie s’enfonce dans la forêt , SA forêt magique, la forêt de son enfance. Elle va finalement après toutes ces années passées au loin retrouver ses amis les Lapins Bleus, le Hérisson Triste, le Coq et l’Âne, l’Autruche, le Grand Oiseau, la Sorcière, le Loup, le Raton-Laveur et bien d’autres encore.

Chris

 

*suite imaginaire de l’œuvre musicale de Philippe Chatel !!!

 

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Après une semaine de travail, sous une chaleur torride dans le désert, j’appréciais l’accord passé avec une compagnie de taxi qui me permettait comme chaque vendredi soir, d’éviter l’attente insupportable d’un taxi, pressé de rejoindre ma petite famille. Lorsqu’une magnifique blonde s’extrait brutalement de la longue file d’attente, pour m’implorer de la prendre avec moi car à la suite du retard de son avion, elle va manquer l’ouverture du spectacle au LIDO en sa qualité de Danseuse. Qu’elle va se faire virer ! Vivant seule, elle ne pourra plus subvenir aux besoins de sa fille.

Le jeune conducteur au regard bouillonnant s’est spontanément proposé de prendre à son compte le supplément de distance et mon enthousiasme pour accomplir une bonne action n’a pas trouvé de résistance coriace.

Au cours du trajet, nous nous sommes abandonnés le chauffeur et moi, dans une vision fantasmée résultant de la passion qu’elle avait pour la danse et de son envie de la faire partager. Et voilà que devant notre ravissement à l’écouter, elle nous invita au spectacle, en passant par les coulisses, avec bien sûr une bouteille de champagne offerte en récompense de notre sympathique bienveillance. Pour nous proposer ensuite, une petite virée en fin de soirée en compagnie des danseuses de la revue.

Le chauffeur « chaud-bouillant », célibataire endurci, croyant sûrement que j’étais dans la même situation, ne m’a pas laissé le temps de la réflexion et s’est engagé avec une énergie qui le faisait sursauter discrètement sur son siège, impatient d’arriver à la fin de la nuit. Et moi, c’était trop tard pour contester ce programme, qui paraissait bien sympathique. Il ne me restait plus qu’à gérer les détails.

«  Bonsoir ma chérie, À la suite d’une tempête de sable, j’ai raté l’avion. Je rentrerai demain matin par le premier vol qui arrive à 8 heures… »

Et ne voilà-t-il pas, le chauffeur et moi, sérieusement éméchés, entourés de quelques blondes joyeuses, prêts à vagabonder vers un univers fantastique, lorsque je vois sur le trottoir d’en face, mon épouse. Croyant à une hallucination, je demande maladroitement au chauffeur : « tu peux aller demander du feu à la femme qui nous regarde ». Echauffé, il se prend une chaleureuse baffe qui le fait chavirer en traversant la chaussée. Il m’en colle une, en éclatant de rire : « C’est de la part de ta femme qui t‘attend avec des explications ! »

J’ai alors compris que l’application GPS, installée pour suivre les enfants à la trace avait été rajouté à « l’insu de mon plein gré » sur mon téléphone.

Christian

 

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Image de Freepik

 

 

Bienvenue à Acapulco !

Après un long voyage, j’arrive enfin à destination : Acapulco. Je suis tranquille, je sais qu’un taxi m’attendra à la sortie de l’aéroport, retenu par mon entreprise, de même que l’hôtel où je séjournerai pendant deux ou trois jours, le temps de m’assurer du bon fonctionnement du site de fabrication de produits de luxe, ouvert dans le pays par le groupe qui m’emploie.

Je sors, et immédiatement je suis écrasé par la chaleur. Heureusement, je vois tout de suite mon nom, Monsieur Martin, sur une pancarte brandie à bout de bras par un homme à grosses moustaches, à l’impressionnante stature. Après avoir décliné mon identité, je m’engouffre dans la voiture et m’installe confortablement sur le siège arrière. Enfin un peu de repos, je n’ai plus qu’à me laisser conduire en laissant mon esprit vagabonder.

Au bout de quelques kilomètres qui nous amènent en dehors de la ville, ce qui m’inquiète un peu sachant que l’hôtel est près du centre, le taxi s’arrête et deux hommes à la mine patibulaire montent dans la voiture, un à ma droite et l’autre à ma gauche, m’interdisant toute velléité de fuite. Je commence à prendre peur, d’autant plus que je sais qu’Acapulco est bien connue pour être une ville dangereuse, sous le contrôle des cartels de la drogue. Par réflexe, je sers bien fort ma mallette qui ne contient pourtant rien de précieux, et ce geste déclenche instantanément la suspicion de mes « gardes du corps » qui me l’arrachent, me ligotent et me bandent les yeux. Je finis donc le trajet de plusieurs heures en ressentant en permanence les cahots, les tournants, les descentes et les montées de la route dans un état d’effroi grandissant. Enfin la voiture s’immobilise brutalement.

On me sort sans ménagement et je me retrouve dans un immense salon où un homme à l’aspect sévère, assis dans l’ombre, les yeux dissimulés par des lunettes noires et la tête coiffée d’un chapeau me demande abruptement « Monsieur Martin ? Vous avez l’argent ? Nous avons la marchandise »

Complètement abasourdi, je ne comprends rien à ce qu’il raconte. J’essaie de lui expliquer que je suis un simple employé venu m’assurer de la bonne marche d’une entreprise française. Mais rien n’y fait ! Mon cerveau affolé se dit que je ne dois pas être le bon Martin car, comme on le sait « il y a plus d’un âne à la foire......... »

Et c’est ainsi que je me retrouve à genoux sur la moquette, mon chauffeur de taxi appuyant le canon froid d’un revolver sur ma tempe et que j’entends : « ici, les hommes sans paroles et les traitres, on les découpe en morceaux avant de les achever d’une balle dans la tête. Vous m’entendez Monsieur Martin » Et je m’entends hurler « non, non, pitié ! » Et la voix continue  « Martin, señor Martin, señor Martin, te sentiste un poco mal, probablemente el calor » et j’émerge, transpirant, mon chauffeur de taxi penché sur moi et me rafraichissant les tempes avec un linge froid. Un malaise, la chaleur ! Je n’ose y croire.

« Vous êtes arrivé. Tu hotel, aquí. Usted está bien ?

Alors, en titubant, je descends de la voiture, jetant des regards à droite et à gauche, encore inquiet, et j’entre dans l’hôtel à la bienfaisante fraîcheur, me demandant encoré si je suis bien dans la réalité.

Gill

 

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Rendez-vous manqué

 

Mon éditeur m’avait dit qu’il viendrait me chercher. J’étais très angoissée et ne me sentais pas prête pour affronter ce qui m’attendait. Je m’étais levée aux aurores, je n’avais d’ailleurs dormi que d’un sommeil agité, entrecoupé de rêves étranges – que je n’espérais pas être prémonitoires. J’avais vérifié à maintes reprises mon sac, pour m’assurer que toutes mes affaires s’y trouvaient. Même si je ne passais qu’une nuit à Paris, cela me rassurait d’emporter ma maison. J’avais ensuite relu mes notes pour la nième fois, ainsi que les documents envoyés par mon éditeur, puis j’avais préparé le petit déjeuner. Quand mon mari m’avait rejointe, il avait paru surpris que je sois déjà debout.

- Tu as des cernes et une petite mine… il faudrait que tu essaies de dormir pendant le trajet.

Je ne répondis pas et il sentit qu’il était préférable de ne pas insister.

Je ne voulais pas être en retard, nous étions donc partis sur-le-champ, pour parcourir la centaine de kilomètres qui nous séparaient de l’aéroport de Toulouse Blagnac. Il avait donc pris le volant – je n’étais pas en état de le faire – et je n’avais pas desserré les dents de tout le trajet. Mon téléphone avait vibré à maintes reprises, mais trop stressée, je n’avais pas voulu regarder les messages – que je pensais être ceux de mes proches qui m’encourageaient.

Maintenant que je suis descendue de ce maudit avion – après avoir subi de terribles turbulences – je sais que Paul essayait de me joindre pour me prévenir qu’il ne pouvait venir me chercher, mais que la maison d’édition m’envoyait un taxi. Le vol avait été une torture, car outre les turbulences, le passager voisin m’avait reconnue – chose extrêmement rare – et n’avait cessé de me poser des questions. Je pense même qu’au début du vol, il essayait de me draguer – même si mon fils aurait dit « Dans tes rêves, Maman ! ». Mais devant mon air peu engageant et mes réponses laconiques, il n’avait pas insisté.

Me voilà donc débarquant à Orly, dans le hall de l’aéroport. Qu’est-ce qui m’avait pris d’accepter cette invitation ? Tout le monde allait se moquer de moi, de mon accent du Sud, de mes manières, de mes vêtements fort peu à la mode. Un éléphant dans un magasin de porcelaine… Mais Paul avait insisté : c’était une aubaine pour les ventes, impossible de refuser ! J’aperçus une femme qui tenait une pancarte avec mon nom – sûrement la conductrice du taxi envoyé par mon éditeur. Et si je ne l’avais pas vue ? Après tout, elle ne me connaissait pas, je pouvais très bien m’éclipser et ne pas la suivre. C’est ce que je choisis de faire : je pris un billet pour l’Orlyval et me retrouvai à visiter Paris, en ayant pris soin d’éteindre mon téléphone portable. Je me doutais que cela créerait un cataclysme, mais tant pis. Mon mari s’inquiéterait, mes parents et amis aussi, mais demain matin, je les appellerai pour les rassurer. Quant à Paul, il me semblait déjà l’entendre : « Une invitation à La Grande Librairie, cela ne se refuse pas ! Et encore moins au dernier moment, quand tout est préparé ! »

Augustin Trapenard parla ce soir-là de ma mystérieuse disparition, ce qui fit bondir les ventes de mon livre, pour la plus grande joie de mon éditeur. Quant à moi, je goûtai à la félicité de passer une nuit dans un petit hôtel parisien, après avoir longé les quais de Seine, seule, loin de tout ce tumulte… et surtout loin d’un plateau TV en direct !

Fabienne

 

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