Passer le pont

 

Écrivez un texte qui commence par

« Il suffit de passer le pont »

 

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Image par Augusto Ordóñez de Pixabay

 

 

IL SUFFIT DE PASSER LE PONT

 

Chaque nuit Michou, 6 ans, se réveillait en sueur, angoissé, il faisait toujours le même cauchemar  : un énorme loup noir le poursuivait dans la forêt. Michou courait aussi vite que le lui permettait ses petites jambes et ses pieds nus. Il entendait le loup qui se rapprochait au moment où Michou pilait net devant une rivière aux flots tumultueux. À ce moment précis le loup poussait un hurlement sinistre  et Michou se réveillait, affolé, son pauvre petit cœur battant la chamade.

Chaque soir avant de s’endormir il priait avec ferveur : « Faites que le loup ne vienne pas, faites que le loup ne me trouve pas !!! » Il avait beau faire, prier, supplier, le loup était toujours au rendez-vous.

Un matin, en allant à l’école, le pas trainant, la tête basse et la mine fatiguée, il rencontra un petit vieux guilleret qui lui demanda son chemin:

«  Dis-moi bel enfant de quel côté se trouve la forêt ? »

Michou lui indiqua la direction.

«  Tu veux m’accompagner ? »

« Non, répondit Michou, je vais à l’école »

«  Tu n’as pas plutôt peur du grand méchant loup ? lui demanda le vieil homme.

Michou n’en revenait pas, comment cet homme pouvait savoir, c’était impossible !!!

«  Eh bien ! laisse-moi quand même te donner un conseil : quand dans la vie tu te trouves face à un problème, tu regardes devant toi, tu marches tout droit et il te suffira de passer le pont, alors tu auras affronté ton problème et il disparaitra ! »

Sur ces mots, le vieil homme disparut comme par magie.

Michou s’en fut à l’école, le pas vif et la tête haute, tout ragaillardi par cette mystérieuse rencontre. Il alla directement voir la secrétaire de l’école et demande à voir le directeur le plus vite possible. Quand il fut devant lui, il lui expliqua sans détour son problème : des enfants de l’école plus âgés, le rackettaient tous les jours sur le chemin de l’école et lui avaient promis mille sévices s’il en parlait à qui que ce soit. Mais là il n’en pouvait plus, il faisait des cauchemars.

Le directeur fit le nécessaire et Michou n’eut plus jamais de cauchemars.

Il avait franchi le pont …

Chris

 

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Image de frimufilms sur Freepik

 

 

Il suffit de passer le pont pour s’échapper de cette vie de misère et retrouver enfin ma petite chérie qui m’attend désespérément.

Je vis dans une cabane au fond des bois ou les journées se passent à grimper aux arbres pour aider mon père, le garde forestier du village, à entretenir la forêt. Et, une fois par semaine, j’ai l’autorisation d’utiliser le canoë pour aller de l’autre côté de la rivière pour la rejoindre.

Cela faisait des années qu’était inscrit à l’ordre du jour du conseil municipal, le projet de construction du pont, pour en conclure à chaque fois qu’il n’y avait pas de budget suffisant. Jusqu’au jour où le budget est enfin arrivé.

Avec mes économies, j’ai pu acheter un vélo d’occasion pour traverser le pont après la journée de travail. On aimait bien se promener le long de la rivière et passer sous le pont qui nous avait longtemps séparés. On s’installait au bord avec une canne à pêche. On riait, lorsqu’on attrapait

de toutes petites carpes qu’on rejetait souvent. Et les fleurs à l’odeur enivrante, les fraises, les framboises des bois à la saveur succulente nous ravissaient de bonheur. Sans oublier la symphonie mélodieuse des multiples oiseaux. On s’imaginait être au paradis. J’avais appris par ma mère à écrire quelques poèmes afin d’exprimer avec finesse quelques mots d’amitié, d’amour, de reconnaissance, du plaisir d’être ensemble. Je lui chantais des chansons accompagnées  par une musique joyeuse formant une mélodie très agréable, avec ma guitare.

Mais, parfois je sentais bien, qu’elle avait la tête ailleurs. Je ne savais pas quoi penser ! Qu’elle aurait aimé voyager au-delà du village, maintenant que le pont était là. D’aller rencontrer d’autres jeunes, d’aller danser à la fête du village. J’étais pourtant attentionné, faisant tout ce que je pouvais pour lui faire plaisir. En un mot, j’étais amoureux mais je me rendais bien compte que cela n’était plus réciproque. Il y avait de sa part un peu de lassitude lors de nos promenades.

Jusqu’au jour où je l’ai vu les cheveux au vent, accroché au dos d’un garçon du village, le casque sur la tête, passant sur le pont à toute vitesse avec une moto flambant neuve.

Désespéré, j’ai compris que je ne la reverrai plus.

Et vous n’allez pas me croire, j’ai eu envie de faire exploser le pont.

Christian

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Image par Tania Dimas de Pixabay

 

 

Il suffit de passer le pont pour se retrouver bien souvent... dans la flotte.  Alors nage, Petit. Tu trouveras bien une berge si ce n'est pas du tout bien souvent celle que tu imaginais.

Et si tu renâcles devant les ponts qui sont sur ta route, la vie se chargera bien de t'en présenter d'inéluctables et t'y poussera malgré tout. Ne serait-ce que le dernier. La mort t'attend de toute façon, la dernière berge que l'on imagine, que l'on craint ou que l'on espère, là bas, en face du fleuve des événements, des plaisirs, des chagrins, des jours heureux, des émotions ou de la maladie...

Suzanna

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Image par Gerd Altmann de Pixabay

 

 

Au-delà du pont

 

Il suffit de passer le pont. Je me le répète depuis qu’après une heure de désincarcération j’ai été extraite du fracas de tôles, quand la voix du secouriste qui m’encourageait à ne pas fermer les yeux, qui ne cessait de me parler pour me maintenir en éveil s’est tue, et qu’il m’a lâché la main pour laisser le SAMU m’emmener.

A partir de ce moment, je n’ai pas cessé de me le répéter, tellement attirée par cet autre côté. Ce serait si facile de s’y retrouver, sans fractures, sans plaies, sans souffrance, sans cette sensation d’étouffement permanent. Je sais qu’il me faudrait abandonner tous ceux que j’aime, tout ce que je vis et qui est de ce côté, mais quand je pense à tout ce qui m’attend si je reste là, pour peut-être ne jamais redevenir celle que j’étais avec toutes ses facultés physiques et mentales. Comment vais-je m’en sortir ? Oserai-je me regarder dans une glace ?

Prisonnière de ce lit, de ces attelles, de ce respirateur, de tous ces fantômes qui s’agitent autour de moi, mes pensées s’entrechoquent, je suis fatiguée, il serait si simple de faire un pas, il parait si court ce pont, que j’ai l’impression qu’il suffirait d’une enjambée pour le traverser et être débarrassée à jamais de toutes mes interrogations. Je le regarde et je l’entends, « viens » me dit-il.

J’ai mal, j’ai si mal ! non, je n’appellerai pas pour qu’on me soulage, pas cette fois. Je ferme les yeux, mon cerveau s’embrume, mon cœur ralentit......mais la porte s’ouvre : « Bonjour Lydie, c’est le kiné. On va travailler un peu »

Je ne passerai pas le pont aujourd’hui…

Gill

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Image de vecstock sur Freepik

 

 

Il suffit de passer le pont qui enjambe la rivière pour se retrouver dans cette grande prairie.

Le printemps a fait pousser plein de fleurs qui embaument l’air.

L’ombre et la fraicheur ce sont les chênes et les bouleaux qui agitent leurs branches ; plus bas paissent les vaches au milieu des brebis.

Les canards pleins d’entrain avec de sonores coins-coins, poursuivent les dindons dont les glous-glous font une ritournelle.

Plus loin près de la ferme-maison on entend les Léon-Léon des paons qui, pour épater leurs belles, font des roues qui émerveillent.

Tous ces bruits et ces froissements d’ailes ne gênent nullement cette douce harmonie.

C’est le Printemps qui chante et qui nous enchante.

        Gisèle

 

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Bundesarchiv Bild 101I-017-1065-44A, Frankreich, Demarkationslinie, Kontrollposten

 

 

IL  SUFFIT DE PASSER LE PONT

 

 

Eté 42 , à Noyer petit village de Dordogne, Marcel,  Odette, et leurs enfants, habitaient la dernière maison du bourg.

 

Régulièrement, ils se tenaient sur le pas de leur porte et surveillaient  "Le Pont ". Oui ce  pont, œuvre magnifique du siècle dernier, resté intacte face à toutes les crues de la Dordogne en furie. Ses pierres ocres ne vieillissaient  pas, bien au contraire, face au soleil couchant, quel spectacle ! Notre image  de paix. ..

 

Maintenant tout avait changé, de chaque côté des rives, des sentinelles allemandes barraient l'entrée d'un territoire, dit " Zone Libre ".  Il était impossible de franchir cet obstacle de métal lourd. 

 

Mais, cette nuit sans lune, personne ne sera là, il fallait aider et faire passer, Sergei, Moshe, Sarah et Adam, en route vers l'Angleterre, vers la liberté. On ne pouvait pas fléchir, demain l'envahisseur sera là, il n'y aura plus de division, juste le pont, il suffit de le franchir.

 

Christine

 

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Image de Freepik

 

 

Il suffit de passer le pont, m’avait-il dit.

Je voulais partir, m’éloigner, changer de vie.

Il suffit de passer le pont,

Pour échapper à sa triste condition.

Avancer, pas à pas, nez en l’air,

S’accrocher au parapet en pierre.

Et surtout ne pas regarder en contrebas,

Toujours regarder au-devant, droit devant soi.

À l’écouter, cela paraissait facile,

Nul besoin d’être très habile.

Il suffit de passer le pont,

Ce mantra, dans ma tête, tournait en rond.

Ne pas se perdre en route,

Faire taire tous ses doutes,

Ne jamais regarder en arrière,

Assumer son choix, en être fière,

Se laisser porter par le vent,

Prendre au premier tournant,

Voguer au gré du hasard,

Ne pas regretter son départ.

Il suffit de passer le pont,

Mais mes pieds, changés en plomb,

Refusent de porter mon corps,

Tout geste demande tant d’effort…

Alors je reste engluée du mauvais côté,

Attendant une parole pour me libérer.

Pourtant, il suffisait de passer le pont.

Fabienne

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