Qui traverse quoi ?...

 

Imaginez un texte dont le thème est

« La traversée »

 

de quelle traversée s’agit-il ?

quel personnage en sera le protagoniste ?

à vous de choisir

 

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Image de wirestock sur Freepik

 

 

                                La Traversée

 

Traverser la vie c’est traverser le monde

On sait d’où on part, on ne sait où l’on va

Il va falloir franchir des rivières profondes

Si nous serons guidés pour assurer nos pas

                                                           Il faut passer souvent dans des pays arides

                                                           Et ne pas renoncer à chercher le bonheur

                                                           Il peut être là, caché sur l’autre rive

                                                           Où se tient un futur qui chauffera nos cœurs.

Plaisirs de la jeunesse et chagrins de l’adulte

Il faut les surmonter sans se décourager

La vie est un chemin, la vie est une lutte

Un chemin tortueux, fatiguant, malaisé. 

                                                           Il ne faut point rougir si le destin nous comble

                                                           Et croire au lendemain si le malheur survient

                                                           Le soleil est bien là et la Terre est bien ronde

                                                           Et le jour triomphant à chaque fois revient.

J’ai pu ainsi passer au travers des nuages

Pour poursuivre encore un morceau de chemin

On peut sans trop pleurer parcourir tous les âges

Et rêver qu’il y aura toujours d’autres matins.

 

                 Jean

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La Traversée

            Grosse lune. 8éme jour.

« Je ne sais pas ce qui m’arrive. Je me sens triste. Je n’ai plus envie de rien, ni de jouer, ni de rire, ni même de manger. C’est affreux, jamais je n’ai été comme ça. « Alors toi aussi, Rodéric ! Déjà ! Mon pauvre petit ! » a soupiré Grand-Ma en hochant la tête. »

             Demi-lune. 3ème jour.

« J’en ai parlé à Igor, mon frère, ainsi qu’à Archibald et Romuald, nos cousins. J’ai bien fait. Ils  éprouvaient la même chose depuis un moment, mais n’osaient pas le dire. En fait, nous sommes sûrs que les adultes nous emprisonnent. Ils nous défendent de dépasser les limites du territoire et surtout d’approcher du Désert de la Mort, là où vivent des monstres gigantesques et féroces. Ils mentent, évidemment. Nous savons bien, nous, qu’après le désert  on découvre le Paradis, dont parlent les légendes ! »

              Brin de lune. 6éme jour.

Au crépuscule s’est tenue une séance spéciale du Conseil des Sages à laquelle tous les quatre avons été convoqués. Grand Ma a cafté, c’est sûr. On nous a reproché d’avoir de mauvaises pensées puis grondés très fort. Enfin le Sage Maximus, super en colère, a voulu effacer tout espoir de nos cœurs en hurlant par trois fois : » Le Désert de la Mort n’a pas de fin ! Et personne n’en est jamais revenu !! » Moi je pensais : « Tu parles, pas si bêtes ! » Quoiqu’il en soit, nous sommes bien décidés, les cousins, mon frère et moi à tenter le coup. On n’en peut plus d’ici. On trouve tout moche. A commencer par nos sœurs. Et ne parlons pas des autres… »

              Lune rouge. 1er jour.

« Voilà, c’est ce soir. Nous sommes prêts. Et même pas peur. »

       Ainsi s’achève le récit de Rodéric. Son frère et lui ont réussi à traverser l’autoroute A75. Archibald et Romuald, les deux autres hérissons, non.

Il existe une vieille chanson qui raconte un peu la même histoire et qui se termine  par : « Voilà le sort des enfants obstinés. »                  

 El Pé

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A l'âge de 19 ans je me rendais régulièrement en Angleterre afin de parfaire mes connaissances de la langue anglaise et d'en combler les lacunes. Je prenais le Ferry de nuit, de Dunkerque arrivée à Dover au petit matin. Cette traversée pour moi avait quelque chose d'excitant et d'inquiétant à la fois. Les cours commençaient début octobre, lors des grandes marées, temps pluvieux, tempêtes. Ce bras de la Manche plus large, et temps de voyage plus long à cette époque, donc moins onéreux, convenait très bien à mon petit budget.

Ce soir spécialement, j'apercevais les marins britanniques, ayant revêtu leur ciré et chapeau bien ajusté sous leur cou, s'occupaient très vaillamment à bloquer les petites portes donnant sur le pont, surtout plus bas, celles se fermant automatiquement, après les entrées des véhicules, dont les deux voitures luxueuses du train de la compagnie Bleue des wagons-lits, où  les occupants venant de Nice ou de Vienne dormaient déjà paisiblement.

Nous étions partis depuis près d'une heure, le bateau se mit à tanguer, dans un sens peu conciliable avec l'équilibre . Je m'accrochai à la porte de sortie et réussi à prendre l'air du large à plein poumon, pour moi la seule garantie contre le mal de mer.  En riant, un marin me fit un clin d'œil  en criant  :" Gale ! Gale ! tonight  Girly !...:"  (grand vent cette nuit fifille)  Je luis souris en retour, un sentiment de liberté m'envahit soudain, quel bonheur !...

 

Christine

 

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La traversée

 

D’aucuns ont traversé le désert de Gobi, d’aucun la calotte glaciaire, d’autres de profonds océans.

Moi j’ai traversé une flaque de boue.

Nous habitions un parc résidentiel en partie encore inachevé. Entre les immeubles neufs, les pelouses et les allées restaient à l’état d’ébauche. Je traversais ce semblant de jardin pour aller à l’école. Ma mère enseignait dans cette même école, mais elle s’y rendait en voiture avec mon petit frère. J’appréciais ce moment de liberté.

Un printemps, à l’orée de mes huit ans, je traversai ce terrain, presque une friche. Une magnifique flaque de boue s’étalait, brillant vestige d’une pluie nocturne. Allongée, presque ovale, elle me faisait signe. Aujourd’hui encore j’aime marcher dans la boue, lorsqu’elle est juste souple et élastique sous les semelles.

J’avais aux pieds de nouvelles ballerines de couleur claire. Je me doutais bien que ce n’était pas la meilleure chose à entreprendre, mais cette traversée ne prendrait qu’une ou deux minutes. Je pourrais savourer le plaisir de cette surface lisse et douce sous mes pas toute l’après-midi.

Un pas, puis deux, trois quatre, me voici au centre exact de cette traversée que jamais je n’achevai. Mes ballerines engluées dans une boue collante refusaient obstinément de suivre le mouvement de mes pieds.

D’autres personnes empruntaient ce chemin. J’ai appelé. On m’a sortie de là. Et j’ai passé l’après-midi à contempler mes ballerines lavées sécher au soleil, posées sur un radiateur de la classe.

L’incident a dû être interprété comme un simple accident, ou de la sottise de ma part. D’ailleurs on peut se poser la question...La maîtresse s’est portée complice sans doute. Je n’ai pas été sermonnée et je n’ai jamais entendu parler de cette aventure à la maison…

 

Marie-Christine

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Zoom sur ma traversée

Quand exactement, a-t-elle commencé, cette traversée ? je ne m’en souviens pas très bien, se dit François, ce matin-là. Cela ne devait pas être très agréable car on m’a dit que j’avais crié, sans doute aveuglé par la lumière crue qui m’a agressé. Je m’en suis remis depuis, et d’ailleurs j’ai connu pire.

Après, mes souvenirs sont un peu flous mais ils sont heureux, avec l’impression de voguer sur une mer étale. J’ai la sensation d’être enveloppé de douceur et d’amour, d’être protégé, de grandir dans un merveilleux bien être.

Plus tard sont arrivés les coups de vent, les bourrasques de l’adolescence. J’ai nagé à contre-courant, j’ai lutté contre la tempête, j’ai vu mon bateau tanguer, j’ai cru qu’il allait sombrer, mais non, le beau temps est revenu.

Alors j’ai avancé et j’ai fini par mener ma barque en évitant les écueils. Le navire de ma vie a fendu la mer comme un hors bord lancé à toute allure. Autour de moi, tout n’était pas calme, mais j’ai louvoyé entre les vagues, subi les grains, me suis adapté au roulis et au tangage des évènements successifs, des bonheurs et des malheurs de l’existence.

Et puis j’ai fini par arriver au port. J’hésite à descendre. Qu’y a-t-il dans cet ultime endroit ?... l’inconnu. On l’imagine maintes fois, comme on le voudrait sans doute, mais personne ne sait à quoi il ressemble. Alors avant de rejoindre ce mystère, je vais rester un peu au port et attendre le plus possible.

J’ai traversé la vie qui n’est pas un long fleuve tranquille et je suis arrivé à son terme. Je ne sais pas quand je descendrai du bateau, mais sans doute quand mon corps et mon esprit n’auront plus la force d’attendre.

Gill

 

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